Le Semeur-Répit, une bouffée d’oxygène estivale pour des parents en Outaouais

01 juin 2024

Le Semeur-Répit, une bouffée d’oxygène estivale pour des parents en Outaouais

Le Relais des jeunes Gatinois organise un camp de jour durant l’été destiné à des jeunes polyhandicapés ou présentant des troubles graves du comportement. Son directeur général, Guylain Hotte, raconte l’apprentissage de ce nouveau service de répit.

père d'un enfant handicapé

Qu’est-ce que le projet Le Semeur-Répit?

Le Relais des jeunes Gatinois propose toutes sortes de programmes pour adolescents, adultes et aînés, tout au long de l’année. Pour l’été, Le Semeur s’adresse aux jeunes handicapés intellectuels et/ou ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), alors que Le Semeur-Répit ajoute la dimension de répit. Ce service s’adresse aux jeunes qui n’ont pas accès aux camps de jours dits « réguliers » parce qu’ils ont un polyhandicap ou des troubles graves du comportement (TGC). L’idée est de permettre aux familles de souffler.

Comment ce projet est-il né?

En contact avec de nombreuses familles qui, pendant l’été, avaient des difficultés d’accès à certains services, le CISSS de l’Outaouais recevait des doléances de parents pour une bouffée d’oxygène. Si le CISSSO nous en a parlé, c’est parce que notre organisme avait déjà une bonne expertise avec le camp de jour d’été Le Semeur. L’idée a donc germé d’un camp de jour estival avec des services spécialisés. Le premier a eu lieu en 2023!

Quels sont ces services?

Le Semeur-Répit, c’est un camp de jour sur la base du « du un pour un ». Il faut donc beaucoup de spécialistes : physiothérapeutes, ergothérapeutes, nutritionnistes, travailleurs sociaux, spécialistes du gavage et préposés pour, entre autres, les changements de couche. Ces professionnels du CISSSO ont été présents à certaines heures de la journée du camp de jour 2023.

Qu’est-ce que ce nouveau service a changé pour les parents?

L’été dernier, les parents déposaient leurs enfants et en profitaient pour aller à tous leurs rendez-vous. Mais ils nous disaient toujours de les appeler en cas de problème. Je me rappelle d’un parent qui était chez son garagiste pour son auto en panne au moment où il y a eu une situation avec son enfant. Nous sommes allés le chercher pour le ramener au Relais. Cet événement a permis de créer une ouverture et un échange avec cette personne.

Vous avez établi une forte relation avec les parents…

Oui et ils l’ont bien senti! Les animateurs et intervenants sont leurs alliés. Cette confiance se bâtit par des contacts et des conversations de fin de journée, mais également par des essais et erreurs. Avec tel ou tel parent, nous avons pu revenir sur des comportements d’enfants que nous n’avions pas compris, que nous avions maladroitement diagnostiqués ou que nous avions interprétés au premier degré.

Comment le camp de jour 2023 était-il organisé?

Le CISSSO a identifié les jeunes parce que c’est lui qui les connaît. Le camp de jour s’est étalé sur huit semaines, de 8h à 16h, avec un dîner.

Un petit véhicule adapté permettait de faire des sorties, aux jeux d’eau par exemple, dans la limite de la mobilité des participants. Certains jeunes polyhandicapés qui ne pouvaient pas monter dans le minibus étaient accompagnés au parc. Ceux qui avaient des TGC étaient davantage mobiles, les emmener en autobus était possible.

Au Relais, le plus souvent, deux groupes répartis dans un local avec les jeunes polyhandicapés et un autre avec ceux présentant un TGC. La plupart du temps, les ratios ont été d’un intervenant ou animateur pour un jeune. C’est beaucoup d’énergie et les jeunes aussi ont beaucoup d’énergie! L’été 2023 a donc été un temps de découvertes avec cette nouvelle clientèle.

Qu’est-ce qui vous a frappé?

Au Relais, nous faisons des camps de jour avec des jeunes depuis 40 ans. Mais, avec cette clientèle particulière, c’est un autre monde et une toute autre expertise. Ces jeunes ont leurs besoins. Ils ont leurs codes de communication, plusieurs d’entre eux sont non-verbaux et utilisent des pictogrammes. Nous devons donc être très attentifs à leurs émotions. Il faut apprendre à connaître chaque jeune et comprendre sa manière de fonctionner.

Quelles leçons avez-vous apprises?

L’importance de la formation! En 2023, le CISSSO a offert des formations gratuites. Un tronc commun d’une matinée, assez général, pour les animateurs, intervenants et spécialistes, a généré beaucoup d’échanges. Dans l’après-midi, une formation plus spécialisée a été proposée, par exemple aux préposés sur l'aspect du déplacement des jeunes, du gavage ou de la prise de médicaments. Le CISSSO nous a donné beaucoup de conseils pour mieux intervenir et animer.

En 2024, il y aura une formation continue, tout au long de l’été. Le soutien durant le camp permettra de discuter des cas et d’échanger autour de solutions concrètes. Des formations utiles et utilisables du jour au lendemain, un coffre à outils pour les employés!

Nous voulons également une plus grande rétroaction des parents. En 2023, nous avons recueilli leurs commentaires; cette année nous serons plus proactifs, en allant au devant des parents pour apprendre davantage de leur expertise et expérience. Il s’agit d’augmenter l’apport des parents dans l’identification des comportements, réactions et besoins des jeunes.

Quel apport pour l’Outaouais?

L’importance de l’inclusion est souvent mise en avant dans les discours. Avec Le Semeur-Répit, c’est concret. Quand les animateurs se promènent avec des jeunes polyhandicapés dans le quartier et dans la communauté, les gens les reconnaissent.

Je crois que Le Semeur-Répit crée une cohésion sociale pour l’inclusion de personnes handicapées et une synergie dans notre région. C’est une démarche d’inclusion qui relie des enfants, des familles et des organismes partenaires. Je pense que c’est une reconnaissance du fait qu’ici, il y a des acteurs de l’inclusion.

Comment se sent Guylain Hotte, et le directeur général, avec cette nouveauté?

J’ai moi-même des enfants et je travaille avec des enfants depuis de nombreuses années. En tant que père et citoyen, je considère les jeunes du Semeur-Répit comme des personnes en situation de handicap à qui une intégration à la communauté est offerte.

Les animateurs des camps de jour ont souvent 18-20 ans. Ils ont une appréhension de l’inconnu, certaines perceptions et une méconnaissance du handicap. Quand ils voient la dimension humaine et la richesse des échanges, ils changent d’avis. Ils constatent que ce sont des enfants avec leurs joies, tristesses et émotions, qu’ils doivent apprendre à décoder.

Merci à Guylain Hotte pour ses réponses. Le Semeur-Répit 2023-2025 du Relais des jeunes Gatinois est financé dans le cadre d’un nouvel appel de projets collaboratifs pour des services destinés aux personnes proches aidantes d’enfants ou d’adultes de moins de 65 ans lancé par l'Appui pour les proches aidants. Le Semeur-Répit a remporté l’un des 5 prix DAVID, mettant en lumière les initiatives associatives, publiques, privées ou individuelles qui ont contribué à améliorer la participation sociale, l’inclusion et l’intégration des personnes handicapées en Outaouais. Félicitations!

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