Traverser mon deuil avec mon histoire
Votre histoire est unique, votre deuil le sera certainement aussi.
Peut-être avez-vous accompagné un proche en soins palliatifs qui est décédé il y a quelques jours.
Peut-être aussi êtes-vous resté jusqu'au bout au chevet de votre enfant.
Votre conjointe atteinte de la maladie d'Alzheimer est décédée; vous étiez déjà passé à travers un deuil blanc. Peut-être pensiez-vous être préparé à sa mort, et pourtant une panoplie d'émotions vous submerge depuis son décès.
Ou bien encore, vous êtes jeune adulte et vous avez fait ce que vous pouviez pour accompagner votre père atteint de troubles mentaux.
Votre histoire peut ressembler à une de celles-là. Ces parcours ont un point commun : une personne proche aidante est en deuil de son proche, mais aussi, d'une certaine façon, en deuil de son rôle.
Jean-Thomas Jobin nous laisse entrer dans son intimité et s’ouvre sur ses derniers moments avec ses parents. Et vous? Quels seraient vos mots pour évoquer le décès de votre proche? Quelles sont vos émotions? Comment vous adaptez-vous à cette nouvelle situation?
Le deuil : de petites et grandes oscillations
Mélanie Vachon est spécialiste du deuil et professeure de psychologie à l'UQAM. Pour elle, le deuil est :
- une série de réactions, telles que des réactions physiques (engourdissement, lenteur, agitation) et émotionnelles (peine, colère, sentiment d’injustice), ou encore confusion et difficultés à s’alimenter;
- un processus d'oscillations, des hauts et des bas, des montagnes russes;
- une forme de travail, par laquelle la personne endeuillée s'efforce de passer d'une relation concrète à une relation symbolique.
Mélanie Vachon précise que le deuil n'est pas une série d'étapes avec un début et une fin. Il n'y a pas de fin du deuil. Il n’y a pas de chemin prescrit. Vous vivez votre deuil à votre façon. C'est vous qui en fixez les limites, l'ampleur et les modalités et, à partir de ces éléments, c'est vous qui définissez vos besoins de soutien et d'outils pour votre cheminement.
Se retrouver en tant que personne
Dépendamment des besoins de votre proche et de votre implication auprès de lui, son décès peut être difficile à vivre tant votre quotidien est perturbé. Votre vie était centrée autour de votre proche. Exit les rendez-vous médicaux à prendre, les médicaments à donner ou l'inquiétude. Place au silence. À l'après. Vous vous sentez peut-être déstabilisé.
Peut-être également ressentez-vous une forme de soulagement (et la culpabilité de le vivre ainsi).
Tout ceci est normal et fait partie de votre deuil.